CONFECTION : LE PIP-BOY 3000 Mk IV

Le Pip-Boy 3000, un puzzle 3000 pièces

Temps de lecture : environ 10 minutes.

Le célèbre ordinateur personnel des habitants d’abris Vault Tec est un bijou de technologie dans l’univers des jeux Fallout : inventaire, état de santé de l’utilisateur, compteur Geiger, radio, carte… Il ne lui manque qu’un réseau social où poster ses photos de tartes parfaitement conservées.

Dans le monde réel, il s’agit surtout d’un gros puzzle aux nombreuses pièces, qui nous aura fait relever bien des défis.

DES OPTIONS SANS IMPRESSION 3D POUR LES PLUS PRESSÉS

Une photo promotionnelle de l'édition collector de Fallout 4 avec le jeu, le pip-boy, son mode d'emploi, son présentoir et son caisson, et une affiche
Le Pip-Boy tout juste fini


La première chose à considérer lorsqu’on veut un Pip-Boy, c’est l’investissement en temps. C’est une pièce un peu complexe, peu adaptée aux débutants en impression 3D même si des modèles assez bien conçus sont disponibles sur Thingiverse et Printables.
Certains cosplayeurs vous diront que si c’est acheté, ce n’est pas du cosplay, mais je ne partage pas cet avis. Si la tâche est trop intimidante pour vous, sachez qu’il existe deux versions commerciales du Pip-Boy disponibles à l’heure où j’écris cet article :

La version 3000 Mk IV de Fallout 4 vendue avec l’édition collector, qui se trouve encore sur des plateformes comme eBay, Le Bon Coin ou Vinted.
Celle-ci accepte des téléphones d’un maximum de 142 × 72,5 × 8,1 mm (le Samsung Galaxy S5) pour écran. Elle a toutefois la réputation de faire plus jouet qu’outil technologique, et coûte souvent cher (200 à 300 € à l’heure où je rédige cette page).

La version 3000 Mk V de la série d’Amazon, disponible sur le store de Bethesda. L’écran y est intégré. Si vous rêvez d’incarner Lucy ou un autre habitant des abris 31 à 33 sans passer par l’impression 3D, c’est l’idéal. Il vous faudra tout de même débourser 199 $, mais ce modèle est en métal.

contraintes et matériel

La seconde chose à prendre en compte, ce sont vos contraintes. Pour ma part, il y en avait deux :

Le budget : au moment de la création du costume, il était vraiment très serré (pas plus de 150 euros pour l’ensemble du costume).

Le format du téléphone que j’allais utiliser comme écran. Bethesda a développé pour la version collector de Fallout 4 une application qui reproduit l’interface du Pip-Boy sur un téléphone. C’est pratique, mais encore faut-il s’assurer de pouvoir insérer le téléphone choisi dans l’accessoire fini…

Dans un premier temps, nous avons donc trouvé un modèle adapté au téléphone, un smartphone bas de gamme de (dimensions) que j’utilisais en revenant du Japon. Ce fichier STL fonctionnait bien avec un agrandissement à 108 %.

L'impression 3D de l'armature

En étudiant le détail de toutes les pièces à imprimer, mon mari s’est aperçu qu’elles n’étaient pas optimisées pour une impression sans support.

Le support en impression 3D est une sorte de renfort apporté temporairement à une pièce qui, autrement, devrait s’imprimer dans le vide. L’impression dans le vide n’est pas possible car le filament se déforme. On retire le support une fois l’impression finie, mais il laisse souvent des traces et nécessite un ponçage. Le problème, c’est que qui dit ponçage dit peinture à la bombe, ce qui n’est pas une option dans mon petit appartement… Nous essayons donc toujours de faire sans, et d’optimiser l’impression pour que les lignes se voient le moins possible. Cela rend les pièces un peu moins “professionnelles”, mais pour le moment je n’ai pas d’autre solution.

Mon mari a donc dû retravailler une à une chacune des pièces du modèle choisi afin de se passer de support, et de corriger les angles causant un effet d’escalier peu esthétique à l’impression. Cela lui a pris plusieurs mois, car il y a beaucoup de pièces et il a parfois fallu réaliser des tests d’impression. Mais le résultat final est assez satisfaisant !

Le diable dans les détails

L'armature qui bloque le téléphone à l'intérieur du Pip-Boy pour en faire un écran plus vrai que nature.

Une autre petite amélioration qu’il a souhaité apporter au modèle initial est l’effet de molette à tourner sur le bouton principal que le personnage en jeu utilise pour naviguer d’un menu à un autre.
Dans le fichier STL original, le bouton tournait sans aucune résistance, et sans ce petit clic caractéristique du passage d’un menu à l’autre. Mon mari a conçu un système de vis crénelée qui offre au bouton une légère résistance, créant ce “clic” lorsqu’on le fait tourner.

Enfin, il a conçu une armature en filament noir mat pour encapsuler le téléphone, ce qui évite qu’il y ait du jeu une fois celui-ci inséré, et donne l’illusion d’un écran intégré à l’appareil malgré la faible hauteur de l’écran du téléphone. Cette armature a été imprimée “la tête en bas”, face contre le plateau de l’imprimante, dont la texture crée un aspect particulier parfois intéressant à exploiter.

La dernière étape en matière d’impression a été la plus complexe, et nous ne l’avions pas anticipé.

Dans un premier temps, je m’étais naïvement imaginé ajouter les textes des menus à l’aide de pochoirs et de peinture jaune. C’était sans compter la forme arrondie du modèle, et le fait que la peinture déborderait dans tous les sens.

Dans un second temps, j’ai donc voulu essayer l’impression du lettrage sur papier transparent autocollant. Nouvel échec : même en imprimant plusieurs couches de jaune, celui-ci reste semi-transparent et ne se voit pas sur le filament kaki. Un autre essai sur du papier à décalco donnera une légère amélioration, mais le résultat ne convainc pas mon mari.
Le papier autocollant lui donne tout de même une idée : imprimer des lettres en 3D, et utiliser le papier autocollant pour les coller sur le Pip-Boy. Cela s’avère un exercice compliqué, mais le résultat est meilleur que lors de nos précédentes tentatives.

Le rendu 3D sur FreeCAD du bouton de réglage des statistiques créé par mon mari.
Trois tentatives de lettrage sur le Pip-Boy : un premier essai avec du papier autocollant à imprimer, un second avec des lettres imprimées en 3D collées à l'aide du même papier autocollant, et la version finale, où les lettres sont collées à la colle au néoprène.

Anticipant que le papier autocollant finira par se décoller malgré la finesse des lettres imprimées, nous finirons par utiliser un peu de colle au néoprène à l’extrémité des lettres pour les coller directement à l’armature.

Cette méthode est efficace, mais elle a un inconvénient : la colle marque le plastique imprimé. Je trouverai une solution pour camoufler ces traces un peu plus tard…

UN PEU DE COUTURE

L’impression de l’ensemble des pièces a pris plusieurs jours répartis sur deux mois. Pendant ce temps, je me suis attelée au rembourrage du bracelet.

C’est dans l’artbook publié par Bethesda que j’ai trouvé l’image de référence qui m’a permis de le recréer correctement.

C’est assez simple au final :
une couche de mousse qu’il aura fallu prendre assez épaisse et ajuster petit à petit à la taille exacte. Cette étape nécessite que la partie bracelet de l’armature soit déjà imprimée, car il est important de bien l’ajuster. Le téléphone ajoutera un certain poids à l’ensemble, et s’il est mal ajusté, votre Pip-Boy pourrait passer la journée à glisser de votre poignet, ce qui n’est pas vraiment idéal.

La double page sur le Pip-Boy dans l'artbook dédié à Fallout 4. Plusieurs rendus 3D et illustrations le présentent sous tous les angles.
La couture de la partie intérieure du Pip-Boy : la mousse est recouverte par le faux cuir, qui est en partie cousu pour reproduire les cannelures de l'original.

Une fois la couche de mousse bien taillée, on l’enveloppe avec une couche de faux cuir. Si votre budget vous le permet, le vrai cuir s’usera moins facilement, mais le PU disponible en magasin de couture marche très bien. Petit inconvénient de celui que j’ai acheté : l’effet “usé” le rendait trop fragile pour ma machine à coudre, sans doute à cause de l’épaisseur de la mousse. J’ai donc dû réaliser cette partie à la main, en traçant des traits au feutre marron sur le tissu pour coudre droit.

Cette doublure en mousse une fois terminée, je me suis aperçue que son épaisseur tirait trop sur le mécanisme de fermeture originel. Pour ne pas devoir sacrifier le confort de mon poignet, mon mari a donc dû concevoir un fermoir plus solide, en une seule pièce vissée.

Une touche d'usure : la peinture

S’il ne m’était pas possible de peindre la surface de mon Pip-Boy à la bombe, j’ai quand même voulu jouer du pinceau.

Dans l’univers de Fallout, tout ou presque est usé, abîmé, rouillé… Y compris le Pip-Boy que récupère Nora (ou Nate si vous jouez un homme) à la sortie de son abri. Si je voulais une tenue relativement propre pour montrer que je sortais tout juste de mon congélateur dans l’abri 111, il était donc hors de question d’avoir un Pip-Boy flambant neuf.

Je n’avais jamais peint d’effet rouillé auparavant, et je suis donc allée prendre conseil chez des experts de la peinture de figurines de jeux de rôle. Ils m’ont conseillé un étonnant mélange (pour la néophyte que je suis) : une couche d’un orange pâteux, très sec et très vif, déposée au pinceau sec (dry brush) par-dessus une première couche de peinture grisâtre et pleine de grumeaux. Le résultat sur mon premier test fut très surprenant de réalisme.

Mon premier test de peinture à effet rouille, sur un morceau de bracelet imprimé en 3D. L'effet est saisissant tant visuellement qu'au toucher, grâce à une première couche de peinture qui contient des sortes de grumeaux.
Une capture d'écran du pip-boy de Fallout 4 côté écran, montrant bien les parties rouillées.

Pour un meilleur effet, il est important de laisser sécher la première couche de peinture, et de bien passer le pinceau trempé dans la peinture orange sur une feuille de papier jusqu’à ce que le tracé obtenu soit sec. Le coup de pinceau doit ensuite être léger, mais après un ou deux tests le coup de main se prend vite.

Je me suis ensuite attelée à reproduire les traces de rouille visibles sur quelques screenshots pris dans Fallout 4 sans mode photo, et j’ai profité de l’effet assez couvrant visuellement de ce mélange pour dissimuler certaines petites imperfections dans l’impression des pièces les plus volumineuses.

Comme c’était efficace, j’ai aussi tenté d’ajouter une touche de rouille là où la colle au néoprène avait laissé des traces autour des lettres imprimées en 3D. Encore une fois, résultat probant ! Il m’a suffi de passer un petit coup de mouchoir sur les lettres pour qu’elles restent bien jaunes.

LE MOT DE LA FIN

Une fois les touches de rouille appliquées, ne reste que la touche finale : des vis pour montre d’un diamètre de 3 mm, pour rester le plus fidèle possible au modèle d’origine.

Et voila, il n’y avait plus qu’à insérer le téléphone dans son cocon, et mon Pip-Boy était prêt à me suivre dans mes aventures hors de l’abri 111.

Si c’était à refaire, mon mari dit qu’il préférerait concevoir lui-même l’ensemble du modèle, pour avoir un meilleur contrôle sur les mécanismes et les mesures. Effectivement, il a aussi fallu repenser le fermoir en un seul bloc car celui proposé était trop fragile, et le mécanisme de fermeture de l’espace pour les holodiscs ne lui plaît pas. Pour ma part, j’ai beaucoup appris sur la peinture et cela m’a donné envie de m’amuser plus. Prochaine étape, l’ajout de LED ? Mon mari travaille déjà à créer une lampe Nuka Cola Quantum !

Mon pip-boy imprimé en 3D vu du côté où s'insère l'holodisc. On voit les boutons de réglage et le rembourrage en faux cuir cannelé.
Le côté face de mon Pip-Boy. L'écran est allumé et affiche le menu et l'état du personnage.
Le "dos" de mon Pip-boy, sur lequel on distingue bien les rainures de l'impression en 3D.